Voici les messages de paix livrés par quatre lauréats de l’édition 2016 du Prix du Public pour la Paix :
Marie DENNIS
La paix à laquelle j’aspire…
La paix à laquelle j’aspire est juste et durable. C’est le shalom, la plénitude de la vie pour tous et le respect pour l’intégrité de la création. Je crois que nous sommes appelés à vivre et à agir en solidarité avec les autres êtres humains et avec la planète touchés par la menace de la violence, de la pauvreté ou des changements climatiques, et à œuvrer pour une paix juste.
Le maintien de la paix exige que nous fassions notre devoir; que nous comprenions quelles sont les valeurs, les lois, les pratiques et les politiques à l’origine de la violence qui sévit dans notre monde et que nous agissions pour changer ces valeurs, lois, pratiques et politiques autant que nous le pouvons.
Je crois que l’éducation à la justice sociale et à la paix est cruciale. Mon espérance pour l’avenir réside dans le courage des générations à venir qui construiront le monde auquel nous aspirons. Pour le moment, nous devons en apprendre beaucoup plus concernant l’action courageuse pour la paix mise en œuvre partout où la violence menace de se déchaîner. Nous devons écouter les histoires contemporaines des grands héros et héroïnes de la paix, les histoires de ces gens généreux qui n’hésitent pas à donner leur vie pour être à la hauteur de leurs croyances les plus profondes.
Mon travail pour Maryknoll et Pax Christi International m’a fourni à maintes reprises l’occasion de rencontrer la vie dans les endroits les plus pauvres et les plus marginalisés du monde. Là, malgré la violence inouïe, j’ai découvert une bonté, un courage et une créativité extraordinaires qui m’ont donné des raisons d’espérer.
Nous sommes tous soumis aux présupposés jamais remis en question qui font reposer la sécurité sur des murs plus hauts et des clôtures plus solides, sur des armes plus sophistiquées, des prisons plus grandes et la peur de « l’autre ». Mais nous qui sommes appelés à être artisanes et artisans de paix devons définir autrement la sécurité – comme la possibilité de vivre à l’abri du besoin et de la peur, dans la solidarité et la communauté. Nous devons nous engager à pratiquer la non-violence active; à vivre simplement; à agir courageusement pour la justice sociale.
Comme artisane chrétienne de paix, j’écoute avec une grande attention les mots de Jésus : Nourrissez les affamés. Habillez ceux qui sont nus. Visitez les malades et les prisonniers. Donnez à boire à ceux qui ont soif. Accueillez l’étranger. Aimez vos ennemis. Faites du bien à ceux qui vous portent de la haine. Tendez l’autre joue. Vendez tout ce que vous avez et donnez l’argent aux pauvres.
L’amour, la justice, la non-violence active, la solidarité, l’inclusion, la compassion, la communauté, la générosité, l’intégrité… Paix : une invitation claire à une vie heureuse et remplie de sens!
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Michael LAPSLEY
Merci pour l’honneur que vous me faites. Je suis touché par cette reconnaissance du travail que j’accomplis avec mes collègues à l’Institut pour la guérison des mémoires.
À notre Institut pour la guérison des mémoires, nous pensons que toutes les personnes ont une histoire à raconter et que chaque histoire a besoin de quelqu’un pour l’écouter. Toutes les fois que nous sommes capables de nous écouter mutuellement avec des cœurs remplis de compassion, nous constatons que le partage de notre souffrance nous relie les uns aux autres. Reconnaître pleinement qu’une personne a subi une injustice et lui donner la possibilité de se faire entendre sont au cœur du processus de construction de la paix. Pour sortir du cycle vicieux qui transforme des victimes en persécuteurs, il faut créer des espaces sûrs et sacrés où les gens peuvent parler de leurs sentiments au sujet de ce qui leur est arrivé et commencer à se désintoxiquer. Dans la construction de la paix, la prise en compte des effets psychologiques, émotionnels et spirituels du passé sont aussi importants que la transformation politique, économique et sociale.
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Antoinette LAYOUN
C’est avec un grand honneur que j’ai reçu le Prix Public pour la Paix, Lauréate en 2016 dans la catégorie ARTISANE ET TISSERANDE DE PAIX SOCIALE ET INTÉRIEURE. Je remercie de tout cœur les organisateurs de cet événement ainsi que tous les autres nominés et je tiens à reconnaitre leur œuvre pour la paix. Je veux également remercier toutes les personnes qui ont participé à ma nomination. J’ai été très touchée de lire les messages un après l’autre et de voir l’impact qu’une personne peut avoir pour la paix. Merci à vous tous pour votre implication à faire partie de cette conscience de paix.
En regardant notre humanité, je réalise encore plus comment il est important de démystifier l’œuvre de la paix. Nous avons l’impression que les guerres sont présentes uniquement entre pays et factions, mais pour moi, je vois l’importance de voir les guerres intérieures qui peuvent être présentes en chacun de nous dans la relation à soi et la relation à l’autre. Pour changer le monde extérieur, il est important de regarder notre monde intérieur.
Ayant été un enfant soldat, je propage la bonne nouvelle que l’œuvre de la paix nous appartient. Au lieu de traiter le problème extérieur, nous devons aller à la source… notre monde intérieur, qui nous sommes et ce qui nous habite. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » a dit un jour Gandhi, un grand sage, qui était un mentor de paix et qui l’est toujours pour nous tous. Dans le passé, je voulais changer le monde. Le jour où j’ai compris que le changement débute en soi, j’ai commencé mon chemin initiatique pour la paix.
J’ai été un enfant soldat, j’ai appris à voir l’autre comme un ennemi. Pour survivre et défendre les miens, j’ai pris une mitraillette et des bombes. Lorsque j’ai compris comment nous sommes manipulés pour être en guerre, j’ai voulu changer la terre. La vie m’a amenée à découvrir que les guerres sont présentes en nous. Mon œuvre pour la paix est la suivante : amener chacun de nous à s’arrêter afin de voir en soi quelle différence nous pouvons faire aujourd’hui pour être en paix et vivre la paix.
J’invite chaque personne à habiter la présence à soi dans le quotidien comme une œuvre de paix. Les états émotionnels, mentaux et relationnels, sont un bon reflet de l’état de guerre ou de paix qui nous habite. Comme le stress, la peur, le conflit, la lutte de pouvoir, le dénigrement de soi ou de l’autre, l’insécurité et les différences sont une manifestation d’un déséquilibre intérieur qui mène à une réaction inconsciente de guerre contre soi ou contre l’autre. En devenant le changement que nous désirons voir dans le monde, voyons ce monde qui se crée dans la conscience de la paix!
Une cause qui me tient également à cœur dans cette œuvre pour la paix est la condition des enfants qui sont abusés et la condition féminine dans le monde. Ouvrons nos yeux et dénonçons toute forme d’abus et d’injustice. L’œuvre de la paix nous appartient tous! Soyons des artisans de la paix du cœur et dans nos relations pour avoir un monde meilleur!
Ceci est mon plus grand rêve et je souhaite que vous partagiez cette vision pour une terre et une humanité rayonnante. Ensemble, faisons une différence dans la conscience de la paix!
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Narine DAT SOOKRAM
Lorsqu’il s’agit de la paix, le plus important à mon avis est que les gens se rassemblent pour célébrer la vie à l’unisson. Je pense aussi qu’il est temps que nous regardions tous au-delà de nos différences, pas seulement afin de nous respecter les uns les autres mais aussi afin de nous assurer que chaque être humain a l’égalité des chances. Une des choses que j’essaye de mettre en pratique est de vivre ma vie de manière réfléchie, parce que je crois que la paix commence chez soi et que nous sommes tous obligés de faire partie de cette démarche.
Cependant, en raison de ma passion pour un monde plus pacifique, j’ai pris l’initiative d’organiser un concert et une émission de radio communautaires afin de transmettre l’importance de la paix. Avec le concert « Caribbean Dreams », je présente des talents de différentes cultures et l’idée à l’origine de cette initiative est que je veux que la communauté dans son ensemble comprenne mieux les autres cultures, car je crois fortement que plus les gens connaissent d’autres cultures, moins ils ont tendance à porter des jugements. Mais lorsque j’y pense vraiment, il n’y a pas de meilleur moyen pour promouvoir la paix que d’avoir un ensemble diversifié de groupes ethniques sous un même toit, parce qu’à mon avis, c’est la meilleure façon de briser les barrières entre nos différences.
Mon émission de radio communautaire hebdomadaire est un autre projet qui est un moteur que j’utilise pour promouvoir la paix. L’avantage de cette émission est que je choisis les chansons diffusées et ce sont généralement des chansons que les gens des caraïbes/les antillais peuvent écouter en ayant l’impression d’être à la maison. La cerise sur le gâteau est que j’ai l’occasion de communiquer avec mes auditeurs au niveau local comme international et je peux donc les influencer de façon positive. Je veux vraiment que les gens sachent qu’il n’y a pas de formule spécifique pour promouvoir la paix dans le monde qui nous entoure, mais c’est sûrement possible lorsque nous pouvons travailler ensemble afin d’atteindre un objectif commun. Bien que la division règne sur le monde, il ne tient qu’à nous que ça cesse.