Il est urgent de faire connaître les « artisanes et artisans de paix » dans le monde!

Il EST URGENT DE FAIRE CONNAÎTRE LES  « ARTISANES ET ARTISANS DE PAIX » DANS LE MONDE!

Plus que jamais, cette urgence est d’actualité.   Nous entendons parler des centaines, des milliers de jeunes qui partent vers l’Irak et la Syrie pour y mener une « guerre sainte ».  Une « guerre sainte » qui tue, décapite et pousse sur les routes les femmes de bonne volonté et les enfants sans défense, qui prive d’eau des populations, des malades, des personnes âgées.  Cette entreprise de destruction fait les manchettes.   Peut-on mettre en lumière, sur les écrans, dans les journaux, les personnes qui,  ici et là sur la terre, construisent des ponts de paix?   Elles sont en grand nombre.  Des adultes, des adolescentes et des adolescents, et aussi des enfants.  Si on les faisait connaître?  C’est  pourquoi il y le Prix du Public pour la Paix, pour qu’on découvre ces bâtisseurs dont l’humanité a besoin.

Savez-vous qu’il y a de ces caravanes de paix dans le Rwanda d’après génocide?  Dans la République démocratique du Congo, particulièrement dans la région de Kisangani?  Au Pérou, dans la capitale et dans la jungle?  En Haïti?  Dans des camps de réfugiés syriens de la Bekaa, au Liban?  En Syrie?  En Égypte?   Je pourrais continuer la liste…

Il suffit d’une décision pour qu’un projet de paix à grande échelle prenne forme.  Pour cela, il est urgent de repérer les lieux d’engagement et les manières de faire advenir la paix.   Nous sommes reliés les unes aux autres pour chercher ces artisans de paix.  Faisons-les connaître!  Les enfants ont besoin de personnes qui leur apprennent comment bâtir la paix.  Les adolescents ont besoin de ces mentors ou de ces modèles et ce, dans tous les pays.

Ces personnes inspirantes, ce sont ces femmes et ces hommes, ces jeunes et ces adultes qui unissent au lieu de diviser,  rapprochent au lieu d’exclure. Ces personnes regardent et traitent les autres  comme des personnes, au-delà des différences de toutes sortes.  Pour dépasser ainsi les préjugés qui creusent les fossés, il y a des clefs.

Il y a des apprentissages à vivre pour retourner dans des zones de combats et de division en étant habile dans la construction de la paix.   Car on ne devient pas magiquement « bâtisseur de ponts de paix ».   On apprend à le devenir.  Il y a des étapes.  Il y a des outils.  Une expérience-clef est essentielle : aller régulièrement en « expédition » à la découverte de l’autre comme une personne, ne fut-ce qu’avec le voisin qui me heurte.  Pour voir autre chose que les frustrations, cela demande d’apprendre à apercevoir chez l’autre des expériences révélant des gestes d’ouverture.  Parfois, avant d’aller à la rencontre de l’autre, il aura peut-être fallu se décider à gérer ses tensions.

Sur la terre, combien d’artisanes et artisans de paix pouvons-nous trouver?  Dans tous les pays?  Dans toutes les régions?  Dans toutes les villes?   Si ces gens se faisaient connaître, ce soir, en écrivant leur nom, en racontant leurs initiatives de paix, si ces partages étaient révélés de toutes les manières possibles, que se passerait-il?

Il est possible de devenir « artisans et artisanes de paix ».

Ces deux faits vous parleront-ils?

Au RWANDA

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En juin 2014, je suis au Rwanda avec une quarantaine de couples.  Un ancien étudiant et 13 anciennes de l’Institut de formation humaine intégrale de Montréal m’accompagnent.  Il s’agit de la 3e session qui vise à les préparer à cette mission multiplicatrice.  Ces couples ont  débuté en 2012 leur formation pour devenir des « couples de paix » et construire des « familles de paix ».  Ils y parviennent tellement que les familles de leur voisinage  sollicitent leur aide pour devenir eux aussi artisans de paix. Cela se vit dans la région de Byumba, le lieu des premiers affrontements au Rwanda en 1990, avant le génocide.

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Les deux premières sessions sont brèves : 3 et 2 jours et, en 2012, la session est déterminante.  En peu de temps, 50 couples, deux à deux, se mettent à chercher et à recueillir des expériences vécues significatives dans la construction de leur famille.  Alors qu’ils découvrent comment reconnaître leurs forces vitales dans ces expériences, ils se partagent ce que chacun, chacune voulait dans cette expérience, le sens de leurs initiatives respectives, le temps mis pour atteindre le but, les choix, les renoncements, les obstacles dépassés.  Leur amour en actes se révèle avec son histoire.  Cet amour prend forme…  Ces couples s’émerveillent l’un de l’autre alors qu’auparavant, les frustrations dans les interactions les éloignaient.

mmd-1Ces couples ont des enfants qui portent les conséquences des tensions entre leurs parents. À travers des éléments-clefs dans le développement humain que je leur communique, ils voient leur réalité.   Quelle vérité ils manifestent!  Il en faut de la transparence et de l’honnêteté pour reconnaître que la culture peut maltraiter un enfant parce qu’on lui impose tel comportement alors qu’il a besoin d’autre chose pour se développer.  Ayant fait des liens, ces couples se mettent à changer leurs façons de faire avec leurs enfants.

Ces personnes ont aussi à grandir dans leur lien de couple.  Ouvrir des chemins pour que l’amour et la sexualité se rencontrent les rejoint profondément.  Aimer l’autre, c’est le traiter comme une personne.  Quel défi pour l’intégration de la sexualité!  Au lieu de se faire vivre de la colère, ils apprennent rapidement à gérer leurs émotions, leurs pulsions sexuelles.   Que de tensions peuvent provoquer un manque d’unité dans ce domaine!  Après  la seconde session, en 2013, ces couples ont travaillé sur eux-mêmes au cours de l’année et ils ont grandi comme  « artisans de paix ».  Leurs relations ont changé.  L’entourage s’en rend compte et demande «  Quels médicaments avez-vous pris pour devenir ce que vous êtes maintenant? »  Voilà pourquoi on commence à faire appel à eux  Ainsi, les parents, ayant construit la paix entre eux, ont accompagné leurs enfants autrement.  Les enfants se sont apaisés.  Des « familles de paix » naissent dans cette région.

Au Liban, avec des SYRIENS et des SYRIENNES venant  de la SYRIE et DES CAMPS DE LA BEKAA

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À la fin juillet 2014, je me retrouve dans la Bekaa, au Liban.  Une session « Bâtisseurs de Ponts de Paix » m’y attend avec 37 Syriens et Syriennes, principalement de Damas et de Homs,  et 10 éducateurs, 9 hommes et une éducatrice, des Syriens réfugiés dans les camps de la Bekaa. Ceux-ci viennent d’un  village d’opposants au régime.  Au total, 47 personnes différentes de par leur religion et leur appartenance politique.  Qu’est-ce qui les amène? Ces gens, peut-être des ennemis avant de se rencontrer, veulent apprendre à défaire des murs et construire des ponts entre eux.  Construire un pont demande de relever un premier défi.   Il y a évidemment des options politiques différentes mais il y a aussi des personnes inconnues.   Des questions viennent spontanément : qu’est-ce qu’il pense quand je parle?  Que veut-il vraiment? Que fera-t-il avec ce que j’ai dit?

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Les éducateurs et les éducatrices des camps de réfugiés de la Bekaa ont commencé un travail en profondeur au niveau de la paix.  En travaillant avec une de nos anciennes étudiantes, libanaise, Micheline Lattouf, ils ont appris avec elle à construire des ponrs de paix.  Ces éducateurs et ces éducatrices ont élaboré un Programme d’Éducation à la paix pour les enfants de leur école en vue de les préparer à retourner en Syrie non pas comme des « guerriers » mais comme de « Petits bâtisseurs de ponts de paix ».    Les 37  Syriens et Syriennes  de la Syrie ont un défi à relever.  Fatigués, tendus par les combats dans leur pays, ils découvrent combien il est important de prendre des moyens physiques pour retrouver la paix à l’intérieur de soi.

Au fil des jours, ces personnes vivent des « expéditions » entre elles, la clef centrale pour devenir « bâtisseur de ponts de paix ».  Une expédition,  c’est aller vers quelqu’un que je n’approcherais pas à moins de le décider. C’est le temps de découvrir les inconnues et les adversaires.    Si j’écoute une personne qui a fait quelque chose pour aider l’autre, aurai-je peur de cette personne même s’elle est d’une autre religion?  C’est si simple qu’on risque de ne prêter aucune attention à ces expériences.  Et pourtant, c’est ainsi que l’on défait peu à peu un mur.  Et c’est ainsi que l’on commence à construire un pont.  Ainsi, ces Syriens et Syriennes voient plus loin que leurs différences.  Ils s’approchent les unes des autres.  Ils et elles se sont découverts comme personne dans leur humanité et leur beauté.

Le Prix du Public pour la Paix invite à mettre des personnes et des groupes en nomination.  Plus ces personnes seront nombreuses, plus ces groupes le seront aussi, plus grandira la confiance que la paix est en train de se construire même si les nouvelles nous mettent jour après jour devant les yeux les conflits, les guerres et toutes les formes de violence.  Le monde a besoin qu’on annonce autre chose.  Le jour où l’on apprendra que la paix est entrée dans tous les villages de tous les pays, notre mission sera accomplie.

Marie-Marcelle Desmarais, CND                               

Directrice générale de l’Institut de formation humaine intégrale de Montréal

Marie-Marcelle Desmarais est reconnue comme instigatrice des Bâtisseurs de ponts de paix, un programme d’éducation qui a formé des centaines de personnes agissant pour la paix sur tous les continents. Elle a animé à ce jour au moins 250 sessions, séminaires et conférences dans plus de 40 pays où elle a été invitée par des personnes et des organisations aux prises avec d’importants défis – récemment Liban et Syrie, Égypte, Rwanda, Haïti –  ou par des anciens étudiants de l’IFHIM (l’Institut de formation humaine intégrale de Montréal, au Canada), une institution dont elle est la directrice générale depuis 1984.

Lire son profil complet afin de découvrir la vision et l’engagement de cette femme audacieuse selon qui « pour la paix, une seule décision suffit »

4 réflexions sur “Il est urgent de faire connaître les « artisanes et artisans de paix » dans le monde!

  1. La paix est un instrument important pour notre monde aujourd’hui sans la paix on ne peut rien faire. «Seigneur fais de nous des ouvrier de paix»

  2. Merci à toi Marie-Marcelle pour ce message plein d’espérance, de vie, de paix, d’interpellation.
    Tu es une femme audacieuse, engagée et constante.
    Bravo aussi à toi Micheline Lattouf, qui continue sans te lasser à bâtir des ponts pour la paix.
    Notre monde a tellement besoin de paix, de gestes d’humanité.

  3. Je me réjouis que soient connues ces initiatives de formation à la paix. C’est un chemin vers une paix durable. Bravo à Marie-Marcelle et à toute l’équipe de l’IFHIM ainsi qu’aux anciens étudiants pour leur engagement envers la paix.
    Anne-Marie

  4. Salut ,merci a toi Marie -Marcelle et a toute l’equipe de LÍFHIM et aux etudiants pour leurs engagement enveres la paix,felicitation pour groupe Ibakwe,notre mode ne cesse pas de connaitre divers facon d’esclavage,du tuerie partout,que soit cette annee 2015 fin de toute sorte de guerre,que le nombre de secouriste de pont de paix augmente,sans la paix pas de famille durable ,pas de monde nouveau. EVA.

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